Le rugby français cultive une mentalité d’outsider qui, si elle a parfois servi de moteur, semble aujourd’hui être un frein. Trop souvent, la France trébuche lorsqu’elle est placée en position de favorite, affichant un manque criant de constance et de détermination. Pourquoi cette tendance à flancher quand la victoire semble à portée ?
Bon on vient de perdre contre les anglais, et c’est vrai que c’est tellement rageant ! Pas maintenant, pas contre eux, pas après tout ce qu’on a fait disait le regretté Thierry Gilardi. Même si tout n’est pas à jeter avec l’eau du bain, on se rend compte que Fabien Galthié, avec tout le respect qu’on lui doit, ne pourra pas effacer des décennies d’un état d’esprit où l’on se satisfait trop souvent du rôle de challenger, préférant surprendre plutôt qu’imposer notre domination. Depuis trop longtemps, le rugby français oscille entre fulgurances et désillusions, incapable d’ancrer durablement une culture de la victoire qui fait la force des plus grandes nations.
Une culture du jeu qui manque d’ambition
Dans le discours des joueurs au micro de Canal et de France 2, une phrase revient systématiquement : « Prendre du plaisir sur le terrain ». Si cette notion a du sens dans le sport amateur, elle semble totalement déplacée au plus haut niveau. Car ce haut niveau ne se satisfait pas du plaisir, il exige une obsession pour la victoire. La Nouvelle-Zélande et l’Irlande, ne jouent pas pour « bien figurer », elles jouent pour gagner. Alors pourquoi cette approche trop bienveillante persiste-t-elle en France ?
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Les écoles de rugby : des valeurs, mais pas la gagne
On vante les valeurs du rugby français : partage, camaraderie, respect. Des notions essentielles, mais qui occultent trop souvent une valeur fondamentale : la culture de la victoire.
Alors bien évidemment on ne parle pas ici d’endoctriner des enfants de huit ans en mode guerriers, mais d’instaurer, dès la formation, une mentalité plus conquérante. Apprendre à gérer la pression, à ne pas se satisfaire d’un bon match, mais à tout donner pour gagner, devrait être un objectif aussi important que le développement technique.
Gérer ou poursuivre l’effort : une mentalité à revoir
Combien de fois avons-nous vu l’équipe de France (ou toute équipe de Top14 et ProD2) mener confortablement à la mi-temps avant de se contenter de gérer le score en seconde période ? Pendant ce temps, les All Blacks et les Springboks continuent d’imposer leur rythme jusqu’à la 80e minute, refusant de laisser l’adversaire respirer. Ce relâchement chronique trahit une approche trop permissive du jeu : dominer ne suffit pas, il faut imposer sa loi jusqu’au bout.
L’important c’est seulement de participer ?
Cette phrase célèbre, attribuée à Pierre de Coubertin, semble parfaitement résumer l’ADN du rugby français. Pourtant, dans le sport moderne, cette mentalité ne suffit plus. Aujourd’hui, l’essentiel, c’est de gagner. Sans cette ambition ancrée dès les premières phases de formation, la France continuera à osciller entre exploits et déceptions.
Le talent est là, les infrastructures aussi. Il manque un état d’esprit plus tranchant, une véritable obsession de la victoire. Gagner une Coupe du Monde dépendra de notre capacité à abandonner notre confort d’outsider pour enfin assumer un rôle de leader.
Crédit photo : AFP